dimanche 28 septembre 2008

Marchons ensemble

Je suis dans mon petit cocon, sous le filet. Une averse toute chuintante rafraîchit l'air au-dehors. De celles qui sonnent le glas de la période des pluies. Elles sont de moins en moins fréquentes, les vraies, les grosses, celles qui étaient soudaines, violentes, balayant toutes choses, fouettant qui s'aventurait dehors. Ce bruit de gouttelettes m'est familièrement "québécois": un rappel d'octobre ou d'avril. Sauf qu'ici, j'aperçois une orange qui se balance doucement à la fenêtre du salon, s'alourdissant à chaque semaine, qui se détachera bientôt de l'oranger pour finir dans notre assiette... Pour accueillir l'Harmattan et la fin du Ramadan. La grande fête se prépare. On en parle, on l'attend, on l'espère, on la sent palpable: elle est dans l'air partout en ville, presque tangible.

Aujourd'hui dimanche, c'est d'habitude mon jour préféré pour le marché. Tranquille. Mais cette fois, il est grouillant de vie et d'activités. Une grande fête, il faut bien la préparer. De nombreuses femmes s'affairent, achètent les condiments et s'arrêtent même beaucoup plus qu'à l'habitude à rêvasser devant les boutiquiers. J'ai l'impression qu'elles se feront belles, mardi. Fières et altières, sapées du Bazin de type joyeusement nommé "mon mari est capable" - c'est le plus cher, évidemment-!

Moi, je déambule à travers toute cette bouillonnante masse. Entre les boules de sumbala, les chenilles grillées, les piments multicolores. Les pyramides d'épices ocres, rouges et kakis, fièrement érigées, défiant souvent la gravité. Sacs de couscous, maïs soufflé ou bonbons caramélisés. Les cubes MAGGI, les spaghettis, les racines de manioc. Les légumes bien fermes et appétissants et les autres... fatigués et fripés d'attendre la cliente au bord de l'allée. Si chez-nous on dit que le maître ressemble à son chien, ici, la femme ressemble souvent aux denrées qu'elle vend. La pauvre vieille édentée et parcheminée vendant sa salade fanée et ses tomates piquées. C'est comme ça. C'est la loi du plus fort. La concurrence est féroce sous la camaraderie (ex. "Tu n'achètes plus le Fanta chez-moi maintenant?")

J'évite toujours autant le coin des bouchers. Même les chenilles, noires, dodues -et comestibles bien sûr-, provenant de l'arbre de karité (sont-elles VRAIMENT immobiles -mon imagination me joue des tours) me paraissent plus inoffensives. Je me suis tout de même arrêtée aujourd'hui pour les observer (les bouchers, pas les chenilles) et j'ai compris le sens de la mise en garde de mon ami Pascal sur ce coin. Maniant le "coupe-coupe" élimé comme un bûcheron la hache sur une souche récalcitrante, bien malheureux est celui -ou celle-, qui par mégarde ferait un pas trop près de cette lame qui semble s'appeler Tétanos. Honnêtement, je préfère vraiment me tenir loin de ces bourreaux qui me rappelle vaguement un Chef Groleau (bonne pub pour RBO, mais moins bonne pour le tablier du boucher...) ... mais, A-T-IL un tablier au juste? Mmmm, je devrai y retourner pour vérifier...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ho!Ho! tu avais l'âme d'une poète aujourd'hui chère jumelle!

Tu m'as fait rêver avec ces quelques lignes en cette fin de semaine...

J't'aime fort
xxx