mercredi 11 novembre 2009

Une vie à paillettes

Il fait soleil et le ciel est bleu. Il fait vraiment beau.
Je ne m’en rend pas trop compte parce que je suis malaaaade.
J’ai chaud dans mon manteau.
J’ai chaud dans mon corps.
Mais il faut bien aller à l’épicerie.
Il parait qu’il faut s’alimenter quand même quand on est malaaaade.
Et surtout boire beaucoup de liquide.
Suis tannée de l’eau.
Ai envie de jus d’orange. Ai envie de boire à même le tétra pak de Oasis Pur Déjeuner.
Et quand le nez est bouché, on pense qu’un litre de jus pourra peut-être nous liquéfier la congestion. Enfin, c’était mon idée.
Alors je pars, commandant à mes pieds de se mettre un en avant de l’autre et de marcher jusqu’à la lointaine épicerie (un coin de rue, ça semble loin quand on est malaaaade).
Et juste avant de tourner le coin, dans les feuilles mortes qui se reposent, j’aperçois un petit, que dis-je, un minuscule clin d’œil rose. Je ne me penche pas tout de suite. Je serai mieux disposée à le ramasser une fois mon regain de vitamines à l’orange en ma possession. De toute façon, je referai le même chemin au retour.
Je me rends à l’épicerie et achète beaucoup beaucoup de liquide. À l’orange, aux légumes et même du lait même si pour les sécrétions c’est pas ben ben bon il parait, mais demain matin je me ficherai pas mal de ça et aurai besoin de mon café…
Et j’oublie mon clin d’œil rose.
Je remarche pour revenir à la maison.
Et presque rendue, je me rappelle.
Voyons, je suis pas pour refaire le chemin avec mes sacs remplis juste pour retrouver mon précccccieux. Franchement.
Mais incapable de résister, je rebrousse chemin.
Je ne le retrouve pas tout de suite, plus trop certaine de quelle feuille du tas je dois chercher. Je sens une tite panique nounoune s’emparer de moi. Il ME FAUT le retrouver. C’est devenu une question de survie.
Et là, tout d’un coup, il me sourit de toutes ses fioritures de petite fille.
Sans crier gare, je m’aperçois soudain qu’il fait soleil, que le ciel est bleu et qu’il fait vraiment beau!
Un si petit, si banal objet qui vient de faire refouler dans ma tête et dans mon cœur des après-midi entiers passés avec ma coucou, à imaginer toutes sortes d’histoires de cœur rocambolesques. On portait des lulus en ce temps-là. On assoyait nos chéries dans une Corvette qui ne fonctionnait plus depuis belle lurette, mais on s’en fichait. On les assoyait tant bien que mal dans des fauteuils roses, à cause de leurs jambes qui plient pas vraiment et on leur inventait des amourettes et de multiples occasions de revêtir toute leur garde-robe dans la même soirée.
Par extension, ça m’a rappelé le condo de hamster et le jeu de mémoire avec des images de bibittes. Ma foi, on jouait toujours aux mêmes affaires, mais ça nous convenait parfaitement. C’est sécurisant faut croire, de répéter les mêmes patterns.
Dans un minuscule clin d’œil rose, j’ai retrouvé une partie de ma vie de petite fille à lulus. Et j’ai aussi pensé à la fillette à qui il appartient et qui l’a laissé tomber sur le trottoir. Peut-être que c’est à son tour de s’inventer une vie à paillettes. Je lui souhaite.
L’ai mis dans ma poche. Évidemment.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Nan, j'y crois pas. Impossible que ce soit de ses support là que tu me parlais au téléphone hier ;)